Rashel Angelov - Liens

 Côme Asbaan


"всяка злоба има своята слабост - Toute méchanceté a sa faiblesse"


J'aimerai vous posez une question : vous est-il déjà arrivé de ne pas apprécier quelqu'un, voire même de le détester en un simple coup d'oeil ? Parfois, il n'en faut pas plus. Et avec une fille comme Rashel Angelov, ça ne va effectivement pas plus loin.

Et bien souvent, ce sont des personnes comme le gentil Côme qui en font les frais. Croiser la peste du collège dans les couloirs, flanquée de sa horde de copines en gentils soldats soumis et sans cervelles, est une scène on ne peut plus courante dans les films bien souvent moyens et, malheureusement, dans la vraie vie également. 

Côme a tout de l'adolescent timide et renfermé, qui ne parle pas, qui semble refuser la communication et qui va presque s'exclure de lui-même, enfermé dans son mutisme et caché derrière un masque de tristesse infinie. Pour Rashel, il n'en faut pas davantage. C'était suffisant pour faire de lui un parfait petit souffre-douleur. La jeune bulgare n'était décemment pas connue pour sa gentillesse sans limite, et elle ne manquait jamais une occasion de le rappeler. Bousculade dans les couloirs de la fac ou au self, remarques désobligeantes haut et fort pour humilier en public, coup bas en traître pour encore un peu plus rabaisser les autres : je le confirme, elle ne manquait aucune occasion.

Après tout, Rashel a toujours été élevée ainsi : dans un mépris et une condescendance ambiante, difficile de ne pas devenir un être aussi froid que la glace. Et puis, quelque part, Côme lui rappelle un peu trop sa petite soeur, Nina. Toujours à fleur de peau, sensible, renfermé, à l'écart. Elle donne déjà bien trop à sa soeur lorsqu'elle lui rend visite. Comme si son taux d'amour à distribuer était devenu considérablement limité et qu'elle était incapable d'en offrir aux autres, parce qu'elle n'avait plus rien en stock. Parce qu'elle l'avait épuisé, ou parce qu'elle refusait de le renouveler, personne ne le sait vraiment.

Pardonne-la Côme, elle n'est peut-être pas si mauvaise que ça, dans le fond ? Mais... Je le concède, difficile d'apprécier cette fille lorsqu'elle prend un plaisir quasi sadique à rabaisser gratuitement. 

 Eden Dewar


"чаша прекалено много или чаша приятелство - Un verre de trop ou un verre d'amitié"


Ce serait mentir que d'affirmer que les amitiés un peu inconcevables et ambiguës n'existent pas. Qui plus est à l'université, les rencontres hasardeuses sont parfois les pires, mais peuvent également faire partie des meilleures, il faut bien l'admettre.

C'est un peu le cas avec Eden Dewar. Après tout, le garçon est en Secteur Colère, le plus populaire avec celui des Joies. Pas bien compliqué cependant, il faut reconnaître que ce n'est pas les Tristesses et leur mines à faire pleurer la Vierge Marie ou les Peurs avec leurs psychoses infondées et ridicules qui vont gagner le prix de la popularité.

C'était à l'une des soirées étudiantes couramment organisée par l'université que Rashel avait croisé le chemin d'Eden, alors qu'elle venait d'arriver et n'était qu'une petite première année. Peut-être que ce soir-là, si elle n'avait pas pris ce verre de trop qui lui avait fait percuté le garçon, elle ne se serait jamais liée d'amitié avec lui. Peut-être que ce verre de trop était celui d'une nouvelle amitié ?

Bien entendu, avec elle, difficile de savoir ce qu'il en était réellement. Elle-même ne savait pas vraiment si elle considérait sincèrement Eden comme un ami ou juste quelqu'un de passage, un pion à sacrifier le jour où elle en aurait besoin. Rashel adorait la psychologie, adorait analyser les autres, mais elle était définitivement incapable de s'analyser et de se comprendre elle-même. 

Dans le fond, sans vouloir l'admettre vraiment, elle appréciait beaucoup Eden. Un peu comme chat et chien, à se lancer des piques, déconner ensemble. Le genre d'amitié un poil ambiguë qui en ferait fuir certains et fantasmer d'autres, même si Rashel sait pertinemment qu'il ne se passera jamais rien avec lui. Peut-être parce qu'au final, il lui rappelle Yordan, son frère chiffe molle l'ayant lâchement abandonné. Peut-être parce qu'au final, elle n'a pas envie de voir Eden faire la même chose.

 Théoden Nevenig


Невежеството е най-доброто презрение - L'ignorance est le meilleur des mépris


La belle bulgare a toujours eu ses cibles de prédilection, ne se distinguant pas vraiment des autres pestes que l'on croisait habituellement, à la différence qu'elle tentait réellement d'analyser les gens tout en se protégeant elle. Mais question victime, elle ne faisait pas dans l'originalité, prenant un malin plaisir à titiller les représentants du Secteur Tristesse ou Peur. Comme Théoden. 

Pour elle, il n'en fallait pas plus : un garçon issu du Secteur Peur, enfermé dans un mutisme considérablement irritant, remettant constamment en doute la moindre chose qu'il voyait ou entendait en prétextant des potentielles théories du complot complètement infondées. Rien de plus. Pas d'antécédents, pas de violentes disputes ou un coup bas qui aurait pu justifier les piques qu'elle lui lançait. Absolument rien.

Lors de sa première année à l'université, Rashel s'était donc évertuée à le provoquer comme elle se plaisait tant à le faire. Mais un problème se posait : Théoden semblait s'en contrefoutre royalement. Aucune réaction, à peine un levé de sourcil agacé ou un soupir irrité. Rien. Et c'est bien connu : une victime qui ne réagit pas est une victime ennuyante. Elle a donc finit par lâcher l'affaire avec lui, se tournant vers d'autres souffres-douleurs sans pour autant oublier de lancer quelques regards mauvais et rires moqueurs.

En soit, Rashel était consciente qu'elle était très certainement détestée par quasi toute l'université, mais agissait constamment comme si elle s'en moquait. Pourtant, elle ne supportait que très rarement les messes basses dans son dos, les critiques et les potentielles moqueries qu'elle pouvait essuyer sans le savoir. Et si ces non-dits remontaient à ses oreilles... Mieux valait ne pas être dans les parages le jour où elle ferait un esclandre dans les couloirs.

Et puis... Avec Théoden, il y avait eu cette soirée. Une énième soirée universitaire où elle s'était bien évidemment rendue, cigarette et verre d'alcool à la main. Une soirée banale mais où, comme trop souvent ces derniers temps, elle avait très certainement abusé sur la bouteille. Et le seul visage familier au milieu était Théoden, qu'elle avait tanné pour venir danser et boire avec elle. Bien sur, ce dernier n'avait jamais voulu. En y repensant, elle devait certainement se maudire d'avoir trop bu ce soir-là pour en arriver au point de quémander la présence de ce type, qui avait du se demander ce qui passait pour que la prétentieuse petite Angelov soit comme ça. 

Rappel pour les prochaines fois, Rashel : essaie de compter les verres que tu t'enfiles avant d'en commander un énième.

 Yaël Shaw


Проблеми и смутители, присъстващи на разговора - Trublions et fauteurs de trouble présents à l'appel


Yaël Shaw était l'exception qui confirme la règle pour Rashel. Le seul représentant du secteur Peur qu'elle appréciait réellement pour son côté extraverti et complètement perché en soirée. C'est dingue comme les soirées sont sources de rencontres ou de conflits chez Miss Angelov.

Comment souvent, c'était à l'une des nombreuses soirées qu'elle écumait que Rashel avait rencontré Yaël. Son côté fêtard, extraverti et rempli d'énergie avait su attiser l'intérêt de la bulgare, qui n'était pas partie en moonwalk en apprenant qu'il faisait partie du secteur Peur. Pour une fois qu'elle n'en croisait pas agaçant et recroquevillé dans un coin, à scruter chaque personne qui passait devant lui comme un pestiféré... 

Le courant était immédiatement passé entre les deux étudiants et, depuis, Rashel adorait retrouver son binôme de soirée lors de ses descentes dans les bars et les boîtes de nuit du coin. Yaël était loin d'être aussi parano que les autres, tout du moins il semblait s'efforcer de ne pas l'être en sa présence. Sans vraiment s'en rendre compte, la bulgare avait trouvé une nouvelle raison de sortir en soirée, autre que pour simplement se montrer : retrouver ce type et passé une bête de soirée en sa compagnie.

Rashel savait qu'elle pouvait compter sur lui pour d'éventuels services, même si elle préférait se couper une jambe plutôt que de l'admettre, faisant les 400 coups dans toute la ville, sans jamais une once d’ambiguïté ou de tension liée à leurs secteurs respectifs. Le pote idéal que toute la fac avait envie d'avoir, en somme.

Mais dans le fond, Rashel était consciente que Yaël était fondamentalement différent d'elle. Elle était une Joie, une fille qui accordait une importance démesurée à son "rang" et s'appliquant à se faire détester par tout le monde pour ne jamais s'attacher aux gens. Des personnes comme Eden ou comme Yaël, avec qui elle adorait passer du temps, modifiaient drastiquement l'attitude fière et méprisante qu'elle adoptait constamment. Elle-même ne parvenait jamais à utiliser le terme "ami" pour les définir, tant elle vivait dans son monde de glace.

 Tess Jones


ловецът и неговата плячка - Le chasseur et sa proie



Rashel n'était pas du genre à parler ouvertement de ses passions et de ce qui pouvait l'animer dans sa vie en dehors de ses soirées un peu trop alcoolisées ou de ses sessions shopping au coût faramineux. Elle se contentait de laisser cette façade-là en premier, cultivant volontiers son image de garce. Mais d'autres préféraient étaler leur passion sous les yeux curieux des mauvaises personnes. A ton tour, Tess Jones. 

La jeune première année, dans le Secteur Peur, avait de suite été repérée par l'oeil carnassier de Rashel. Des feuilles qui traînaient ou dépassaient de son sac, recouvertes de calculs en tout genre, de croquis ou de schémas plus bizarres les uns que les autres. L'attribution de Tess au Secteur Peur ne venait que renforcer les piques et les railleries quasi quotidiennes de Rashel, qui se plaisait encore une fois à entretenir son visage le plus détestable qui soit. Pour qui cette fille, cette petite première année insignifiante, se prenait-elle ? Pensait-elle décrocher le prochain Prix Nobel ?

Rashel aurait pu ranger cette fille dans la même catégorie que tant d'autres petits Peurs et Tristesses qu'elle martyrisait de manière récurrente. Elle se serait amusée à la tourmenter lorsqu'elle la croisait, mais rien de plus. Mais Tess allait devenir plus intéressante que ça. Infiniment plus intéressante et distrayante que cette catégorie. Ahhh, petite Peur, tu n'aurais pas du laisser traîner tes affaires pour un stupide appel.

Ca avait duré une vingtaine de minutes durant lesquelles Tess avait abandonné son carnet, son journal intime, sur l'une des tables de la brasserie du coin. Une vingtaine de minutes qui avait suffi à la perfide petite bulgare pour se glisser à sa place, feuilleter le carnet et prendre un maximum de clichés des pensées de Tess qui étaient couchées sur le papier, relatant souffrances et chagrins à foison. Une vingtaine de minutes qui allaient pourrir la vie de Tess jusqu'à la moelle.

Rashel n'avait pas su résister. La tentation était bien trop forte. Et comme le disait si bien Oscar Wilde il y a longtemps, le seul moyen de résister à la tentation, c'est d'y céder. Rashel y a cédé, et elle est devenue le maître chanteur, le corbeau, le monstre qui hante la vie de Tess, menaçant de révéler un à un les photos des pages éclaboussées de souffrances de son carnet secret. Il était évident que la fille Angelov n'allait pas cracher sur un gentil petit pantin brisé et terrorisé, servi sur un plateau d'argent.

 Darío Morretti


Играта, нищо друго освен играта - Le jeu, rien que le jeu


Aux yeux froids et impénétrables de Rashel, seul le Secteur Colère pouvait se montrer digne d'intérêt, avec évidemment celui des Joies. Elle connaissait probablement de près ou de loin absolument tout ceux qui y figuraient, et certains mis à part, elle entretenait généralement très de très bons rapports avec tous. Et Dario Morretti ne faisait pas exception à la règle.

Arrivé en même temps qu'elle à l'université de Temperamental Nord, Rashel et lui s'étaient d'abord croiser plusieurs fois lors de soirées, toutefois sans véritablement y faire attention. L'un comme l'autre n'étaient pas du genre à s'attarder sur les gens et à leur accorder un quelconque crédit. Néanmoins, des bruits de couloirs étaient parvenus jusqu'à Rashel qui, comme toujours, mettait un point d'honneur à être au courant de ce qui se passait dans cette université. 

La bulgare était donc venue le trouver un jour, souhaitant savoir si les rumeurs qu'elle avait entendu étaient fondées. Et elles l'étaient. Rashel n'était pas du genre à consommer des drogues dures et excessivement dangereuses, mais elle ne crachait jamais sur un joint ou deux qu'on grille dans le fumoir. Dario avait l'air sympa, et puisqu'elle avait un étudiant sous la main pour la fournir de temps à autre, autant en profiter.

Ils s'étaient revus un peu plus tard, et c'est grâce à ces rumeurs qu'une amitié a vu le jour. Ils ne voulaient qu'une chose : s'amuser sans jamais se prendre au sérieux. Rashel et lui se retrouvaient en soirée, rire, s'amuser, fumer, et rien de plus. Aussi joueurs l'un comme l'autre, ils s'étaient amusés à instaurer une certaine ambiguïté entre eux, toutefois sans jamais aller plus loin. Elle savait qu'il avait la même vision : un jeu.

Parce que même si Rashel l'appréciait suffisamment pour éviter certains sujets pouvant le mettre en rogne, ça restait Rashel. Il n'y avait que le jeu, le défi, l'amusement, la gagne qui lui importait réellement. Après tout, elle pouvait balayait n'importe qui de sa vie aussi rapidement qu'elle terminait son joint.

 Aiden Emory Myers


силата на справедливостта - Le pouvoir de la justice


La liste des victimes de la jeune Angelov semblait ne pas connaître de fin, pas plus que sa cruauté purement gratuite ne connaissait de limites. Aiden Emory Myers avait d'abord figuré dans sa liste de personnes inintéressantes. Il ne répliquait pas beaucoup quand elle s'attaquait à lui et son secteur, et il se montrait de ce fait peu amusant. Mais il avait suffi d'une information qui tombe entre ses mains pour le rendre bien plus captivant. 

C'était lors d'un repas de famille que Rashel l'avait appris. Son père ayant exigé qu'elle soit présente pour un dîner excessivement long et ennuyeux avec des "amis" de la famille, la bulgare avait donc pris sur elle et s'efforçait de présenter un jour favorable à la tablée. Les sujets tournèrent rapidement en éloges sur le travail de son père, jusqu'à ce qu'une vieille affaire soit mentionnée. L'incarcération d'un ancien rebelle, M. Myers. Une affaire qui avait due contribuer très fortement à l'ascension de Nikolaï Angelov.

Pour Rashel, c'était du pain béni. Son père était l'homme qui avait envoyé le père d'Aiden en prison, il y avait déjà 8 ans de cela. La bulgare n'en avait aucun souvenir, mais qu'importe. Elle avait désormais un nouveau bouton sur lequel appuyé pour tenter de pousser Aiden à bout. Le seul et unique but de la jeune fille, c'était ça : pousser les gens dans leurs retranchements, les pousser à la faute, et pouvoir les écraser parce qu'elle n'en aurait commise aucune.

Elle avait donc commencer à évoquer face au Peur l'incarcération de son père, prenant un malin plaisir à révéler dans la foulée l'origine de cette arrestation sauvage. Elle avait beau haïr Nikolaï, il lui offrait là la possibilité de rappeler à toute l'université ce qui pouvait arriver lorsqu'on s'en prenait aux mauvaises personnes dans ce monde. Elle ignorait combien de temps Aiden parviendrait encore à se maîtriser et à ne pas exploser sous ses remarques acerbes, mais elle comptait bien le découvrir. D'autant plus que le jeune homme semblait entretenir de bons rapports avec Tess Jones, sa colocataire que Rashel tenait dans le creux de sa main comme une poupée de chiffon désarticulée. 

Mais quand on s'appelle Angelov et que l'on peut avoir le monde entier à ses pieds d'un claquement de doigt ou d'une simple parole affûtée, pourquoi se restreindre ?

 Lucille Destrade


Именно от доверието се ражда предателството - C'est de la confiance que naît la trahison


Fort heureusement, on ne peut pas haïr tout le monde, et Rashel avait suffisamment de bon sens pour accorder de l'intérêt aux personnes s'en montrant digne. En réalité, elle avait beau faire partie des Joies, elle fréquentait bien plus les étudiants en Colère, qu'elle trouvait pour beaucoup plus spontanés que ses homologues. Mais il y en avait une dans son secteur qui se démarquait. Et Lucille Destrade avait su gagner l'approbation de Rashel.

La troisième année avait beau être plus âgée que Rashel, cela n'avait pas freiné leur amitié. L'une comme l'autre n'avait pas mis bien longtemps à cerner leur fonctionnement mutuel, et cette amitié semblait couler de source. Elles avaient parfaitement conscience de ce côté déterminé qui pouvait muer en manipulation, les deux jeunes femmes le possédant, mais elles savaient qu'elles n'en avaient pas besoin lorsqu'elles étaient ensemble. Elles passaient du bon temps à rire, sortir boire un verre et danser jusqu'à pas d'heures, à côtoyer les limites du monde. Une relation sincère, pour une fois dans la vie de la bulgare.

Rashel estimait suffisamment la jeune étudiante en droit pour accepter de montrer cette facette qu'elle gardait habituellement sous scellée. Elle savait parfaitement que Lucille n'en avait que faire, mais la petite bulgare prenait plaisir à lui offrir de temps à autre un cadeau, lui tendant un paquet d'un magasin de vêtements coûtant les yeux de la tête, ou lui donnant des vieilles fringues de la collection passée si sa camarade souhaitait les garder ou les revendre. Rashel savait que Lucille n'était pas en Joie pour son compte bancaire, mais pour une fois, elle avait accepté de voir autre chose que l'argent. 

Mais toute belle relation peut être remise en question en une fraction de secondes lorsqu'on s'appelle Rashel. Pas sur que l'impitoyable bulgare puisse accepter l'affront que lui fera Lucille, lorsqu'elle découvrir un jour les agissements de la jeune Joie et encore moins en sachant avec qui. Parce que si le côté frivole de Lucille était amplement toléré par Rashel, il n'allait pas en être de même lorsqu'elle apprendrait que son amie avait couché avec son père, Nikolaï Angelov.

 Arwen Backer


Красавицата и звярът - La Belle et la Bête


Il y avait un secteur que Rashel haïssait encore davantage que le Peur : le secteur Tristesse. Chaque personne de ce secteur qui passait devant elle sonnait comme une insulte dans ses oreilles. Et certains plus que d'autres, comme le petit Asbaan qu'elle torturait littéralement. Ou encore Arwen Backer.

La jeune première année remplissait tous les critères pour s'ajouter à la liste des victimes de Rashel Angelov. Elle était gentille, naïve, timide, sensible, renfermée. Elle était tout ce qu'il fallait à l'esprit carnassier de la petite bulgare. La différence physique d'Arwen était loin de la rendre moins belle, bien au contraire, mais Rashel ne pouvait s'empêcher de l'évoquer. La voir ployer le genou pour s'écraser au sol lorsque les mots de la jeune Joie, plus tranchants et acérés qu'une lame de poignard, lui offrait un peu de satisfaction. 

Aux yeux de Rashel, Arwen ne méritait en aucun cas sa place à l'université, ni même sur Terre. Chaque Tristesse qui se présentait à elle lui rappelait qu'eux vivaient, alors que sa soeur était condamnée parce que personne n'avait fait ce qu'il fallait pour elle. Chaque Tristesse qui se présentait à elle était une vie misérable de trop, une vie qui avait volé celle de sa soeur, enfermée dans son hôpital depuis tellement longtemps qu'elle avait fini par ne plus avoir aucun souvenir de Nina assisse autre part que dans son lit blanc et impersonnel. Alors, comme pour se soulager, Rashel prenait un plaisir monstre à tourmenter la jeune Backer. Ses critiques étaient chaque fois plus méchantes et, lorsque la bulgare décidait de l'épargner pour la journée, ce n'était que partie remise. Si sa soeur n'avait pas pu parvenir jusqu'à l'université, aucun étudiant en secteur Tristesse ne le devrait, et la fille Angelov ne saurait s'imposer des limites pour mener à bien 

Pourtant, Rashel est encore loin de se douter qu'Arwen finira propulser en pôle position de sa liste noire. Elle ne le sait pas encore, mais s'il y avait bien une personne qui avait volé la vie de sa petite soeur, c'était cette fille. Lorsqu'elle apprendra de la bouche de son propre père, Nikolaï Angelov, que cette fille insignifiante et pitoyable était sa demie-soeur, issue de l'une de ses trop nombreuses infidélités. Ce petit monstre, qui promenait son corps étrange dans les couloirs, avait une partie de sang Angelov qui coulait dans ses veines, et l'affront était au-delà de ce que Rashel pouvait tolérer. 

Arwen l'ignorait, n'ayant jamais su qui était son père, et ne pouvait pas se douter un seul instant de ce que son existence venait de provoquer chez la bulgare. Comment le pouvait-elle après tout ? Rashel ne disait jamais rien, personne ne savait quoi que ce soit de vraiment personnel sur elle. Mais crois-moi Arwen, les pires monstres ne sont pas forcément ceux que l'on soupçonne de prime abord. Lorsque tu l'apprendras, tu auras beau avoir le coeur en sang à cause de Rashel, le démon qu'elle incarne te paraîtras presque doux face à celui de Nikolaï.

 Orséis Shrewsbury


Танцът е поезия без думи - La danse est une poésie sans paroles


Rashel ne prêtait pas attention aux gens qu'elle n'estimait ni dignes de la fréquenter, ni dignes de supporter sa haine. Elle se contentait de les ignorer et de les baigner dans ses flots de mépris. Pourtant, la jeune Orséis Shrewsbury avait su capté chez la bulgare un soupçon d'intérêt. 

En effet, la jeune femme avait tout pour être dans les bonnes grâces de Rashel. Elle appartenait au Secteur Joie et elle portait fièrement l'étendard d'un nom de famille reconnu et d'une petite fortune non négligeable, qu'elle devait probablement mieux investir que Rashel. Elle était souriante, elle était pétillante, elle était appréciée de presque tout le monde. Elle était l'ange quand Rashel était le démon.

Si Rashel n'avait jamais pris la peine de réellement discuter avec la jeune femme auparavant, ça avait finit par changer. La petite bulgare était occupée à danser, laissant sur le côté sa haine débordante et sa rancune insatiable, lorsqu'Orséis était entrée. Elle se passionnait elle aussi pour la danse. Elles avaient alors pris la peine de discuter de danse, s'attardant sur des questions de techniques, sur le choix des musiques et autres détails. Néanmoins, Rashel continuait le plus souvent de s'entraîner seule. C'était son moment, sa bulle à elle, et y laisser entrer quelqu'un était encore bien trop compliqué. 

Parce que dans ces moments, Rashel ne trichait pas, et laisser tomber son masque condescendant à terre s'avérait encore bien trop compliqué pour elle. Néanmoins, elle appréciait le fait qu'Orséis ait pu entrevoir un peu de positif en elle, parce que la jeune Joie prenait parfois sa défense. La bulgare ne croyait pas forcément en la sincérité de ses paroles mais ce n'était pas le plus important. A vrai dire, Rashel s'en moquait. Elle n'avait pas besoin d'être apprécié. Elle voulait juste tout contrôler.

 Gabriel Monroe Henderson


Времето потвърждава приятелството - Le temps confirme l'amitié


Bénéficier des faveurs de Rashel n'était malheureusement pas un statut assuré indéfiniment et rares étaient les personnes qui pouvaient s'en vanter. Pourtant, certains parvenaient à les garder pour une durée plus longue que les autres, et c'était le cas de Gabriel Monroe Henderson.

Leur rencontre remontait déjà quatre ans plus tôt, alors que la famille Monroe et la famille Angelov s'étaient retrouvés lors d'un dîner mondain fort ennuyeux, où toute la belle population friquée jusqu'à plus soif s'était rendue. Nikolaï Angelov en avait alors profité pour présenter sa fille Rashel à la famille Monroe qui lui avait présenté leur fils, Gabriel. Si la jeune bulgare s'était d'abord montrée d'une politesse froide et impassible sous l'oeil sévère de son père, elle avait néanmoins su apprécié le jeune homme au fil du temps.

Ils ne se voyaient pas si souvent que ça, ne se croisant au final que lors des grands repas des collaborateurs du gouvernement, lors des différents galas ou bals organisés. Pourtant, Rashel l'appréciait vraiment : il était sincère, doux, gentil, loin d'en faire des caisses pour attirer son attention. Ca changeait considérablement de tant d'autres qu'elle avait pu croiser dans ce genre d'événements. Ce n'était pas souvent, mais c'était suffisant pour que la jeune femme consente à lui porter de l'intérêt et à lui accorder un soupçon de confiance. Le laissant même entrevoir la facette plus sympathique d'elle-même, qu'elle n'offrait qu'à de très rares privilégiés. 

Ils sont entrés à l'université Temperamental Nord la même année, et ont tous les deux rejoints le Secteur Joie. Par un heureux hasard, ils se sont également retrouvés dans le même appartement universitaire. C'est durant cette première année que Gabriel commencera à se questionner sur son attachement à Rashel. Il se rendra finalement compte durant l'été que ce n'était qu'un simple attachement envers la bulgare, attachement néanmoins très fort. 

Toutefois, si Rashel a soupçonné durant un moment cette hésitation, elle a bien compris que Gabriel avait finalement tranché sur ses émotions. Mais lorsque Enyo commencera à recruter ses rebelles, à lui retirer un par un les éventuelles personnes dont elle se sent proche... Allons, vous avez très bien compris. Rashel reste Rashel. S'il fallait qu'elle jette la Terre entière dans ses filets pour ne pas être abandonnée, elle le ferait.

 Cheryl Vacker


Ходете или умрете, следвайте и млъкнете - Marche ou crève, suis et tais-toi


La réputation de Rashel n'était plus à prouver, et encore moins aux membres du secteur Tristesse, qui en prenait pour leur grade. Insultes et humiliations allaient bon train. Pourtant, la petite bulgare savait accorder une chance infime à certaines personnes. Et cette année, c'était Cheryl Vacker qui en avait bénéficié. 

En réalité, "chance" n'était probablement pas le terme approprié. Rashel avait rencontré Cheryl pour la première fois lorsque la jeune première année l'avait bousculé par inadvertance dans les couloirs de l'université. La blonde se répandait en excuses maladroites tandis qu'elle ramassait ses affaires sous le regard critique de Rashel. Et c'est comme ça qu'une idée avait germé dans l'esprit de la petite bulgare. Cheryl était suffisamment jolie pour ne pas être vue comme un faire-valoir, mais suffisamment fragile et malléable pour être exploitée à bon escient. 

C'est lors d'une soirée que les deux jeunes filles s'étaient revues, Cheryl profitant du bar avec des amies à elle. Quel bon moment devait-elle passer, se disait Rashel en même temps que ses talons attaquaient férocement le sol, se dirigeant vers sa proie. Elle avait intimé à Cheryl de s'écarter pour discuter avec elle en privé, et elle avait posé là sa proposition. Lâcher ses amies, passer la soirée avec elle plutôt qu'avec des Tristesse stupides. Les dessous de cette question étaient pourtant limpide : soit Cheryl suivait Rashel, lâchait définitivement ses amies et se taisait dans le sillage de la bulgare, soit elle refusait mais devrait assumer les conséquences qui, inévitablement, s'abattraient sur elle. Et elle avait choisi. 

Depuis quelques semaines maintenant, Cheryl demeurait aux côtés de Rashel, partageait sa table le midi au self, pouvait réviser avec elle à la bibliothèque, et surtout, voilà quelques semaines que Cheryl jouissait d'une immunité certaine. Pas d'insultes, pas de harcèlement moral, rien. Quand tous les Tristesses se répandaient en larmes sur le passage de Rashel, Cheryl demeurait intacte. A quel prix ? Peut-être la dignité. Un larbin, un petit soldat obéissant et coopérant, c'est ce qu'elle avait accepté en contrepartie. Le moindre des ordres de Rashel était exécuté, elle approuvait ses paroles et se taisait ou s'éloignait lorsque la bulgare déversait ses médisances sur ses camarades de secteur. "Suis-là et tais-toi", voilà ce que devait se dire Cheryl à chaque fois qu'elle était aux côtés de Rashel.

Il ne fallait pas en attendre davantage de Rashel. Cette immunité qu'elle offrait à Cheryl, cette "protection" ne pouvait pas être proposée de manière gracieuse sans aucune contrepartie. Mais Cheryl pouvait se concentrer sur ses études sans être malmenée par la bulgare. Quant à Rashel, elle comptait une nouvelle marionnette dans sa troupe, une marionnette frêle, fragile, entièrement soumise. Elle n'allait pas s'en priver si elle pouvait avoir le monde à ses pieds.