Lucille Destrade

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DESTRADE Lucille — 22 ans — Secteur Joie — 3ème année de droit

Les archives stipulent qu'elle est née un beau jour d'été, le 13 juillet 2070. Peut-on le vérifier ? Non. Est-ce vraiment nécessaire ? te demandera Lucille. Non. Au fond, peut importe, Lucille est née sans réelle famille ni identité, est-ce qu'une simple date changera la donne ? Il y a peu de chance. Abandonnée à la naissance, enfin non, Lucille n'aime pas ce mot, reformulons. Laissée et accueillie par un foyer dès la naissance, Lucille ne compte que sur elle même pour avancer, une foutue date ne changera pas sa vie.

Lucille Destrade, peu l'oublient et pourtant beaucoup aimeraient. Lucille c'est un paradoxe incarné, l'inverse et son contraire, ce qui nous pousse à agir et ce qui nous freine. On peut dire que c'est l'incompréhension générale. Elle apprécie les regards, les désirs qu'on lui porte et pourtant, qu'est-ce qu'elle aimerait qu'on lui foute la paix ; se la couler douce sur une jolie plage avec un soleil brûlant, des damoiseaux à son service pour toute l'année. Lucille qu'est-ce qu'elle est chiante aussi, et égoïste. Et aussi égocentrique, elle s'admire ça se voit. Une copie conforme de Narcisse sauf que c'est elle qui vous jette à l'eau, et elle vous coule, elle pousse fort et juste au moment où vous accepter de voir la fin du tunnel, elle vous relâche et vous être libres à nouveaux. Lucille c'est une enfant, une enfant qui possède son tempérament. On ne peut satisfaire un enfant, et c'est de même pour la brune. Un fois le désir assouvi, elle veut un autre jouet. C'est comme ça que ça fonctionne et c'est comme ça que ça fonctionnera toujours. Elle pense que c'est la raison pour laquelle elle est tombée chez les riches. C'est bien connus, les bourgeois sont les plus capricieux. Ils possèdent le pouvoir, ont de l'influence, ils sont pour la plupart beaux, ils ont tout et pourtant, ils en veulent plus. Les enfants et les riches, c'est la même chose. Les enfants, les riches et Lucille, c'est la même chose. Un enfant qui n'a pas ce qu'il veut, il boude. Lucille c'est tout pareil. Elle se balade dans les couloirs, la mine blasée, sans réel intérêt pour les gens autours. Gare à celui qui daigne se mettre sur son chemin, Lucille mort, enfin non, elle à une grande gueule. Elle est vraiment détestable. C'est une étiquette à coller sur son front ça, détestable. Et pourtant, on ne peut s'empêcher de l'applaudir. L'applaudir pour son parcours et sa ténacité. Elle n'abandonne jamais et c'est ce qui l'a amené sur cette estrade. Cette estrade si haute, qu'elle garde constamment la tête dans les nuages, à défaut d'apprécier sa vie sur terre, elle passe son temps à s'imaginer celle qu'elle pourrait avoir et être tout là haut, dans le ciel, en dehors de ces grandes murailles et de ces barrières. Lucille au fond, c'est un coeur tendre. Un enfant qui rêve d'autre chose, un enfant qui en a marre de colorier les arbres en vert et les voitures en rouges, un enfant qui s'ennuie de sa compote et qui aimerait goûter à autre chose, un enfant qui tout simplement en a marre de marcher à quatre patte et qui voudrait enfin pouvoir se relever.

— Lucille a vécu toute sa vie dans un foyer, sans connaître ni origine ni identité de ses géniteurs. Elle n'a jamais voulu savoir, ni par rancune ou ni par peur mais simplement par indifférence. Elle croit au destin, elle croit fort au destin même et si cette enflure a décidé que sa vie se jouerait seule et bien elle se jouera seule. La brune n'a jamais vraiment été turbulente, elle laissait les autres se faire prendre. Elle, elle jouait déjà dans la cours des grands, plus vicieusement, manipulant les gens comme bon lui semblait. Son historique est des plus banale, une enfance pleine de bleus et d'éraflures suivie d'une adolescence passée à avaler la langue de ses amants. Rien de bien extraordinaire. Jusqu'au jour où elle rencontra un homme qui changea sa vie pour toujours. Le jour de ses dix-sept ans, elle et Fabiola, sa meilleure amie, décidèrent de faire un tour au bar. Depuis lors, on pu voir Lucille au bras d'homme âgé de plus en plus souvent. Des fois le soir, de temps en temps la nuit. Elle était devenue enthousiaste à l'idée de plaire aux hommes, de les affaiblir et de pouvoir jouer avec eux. Elle se remplissait les poches et pouvait assouvir son besoin assoiffé d'attention, que demander de plus ? Ce n'est qu'à sa première année à l'université qu'elle décida d'échanger papi blindé avec beau gosse des dortoirs, bien que rien ne l'a jamais empêcher d'aller s'amuser de temps en temps en ville. Ces deux années d'étude lui donnèrent une l'image d'une marie-couche-toi-là, mais serait-ce vraiment Lucille si elle en avait quelque chose à foutre ?

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