L'Amphithéâtre de Littérature, Art et Histoire

⠀⠀Côme avait fini par émerger du lit, renvoyant sa couette un petit peu plus loin. Il devait bel et bien avouer qu'il n'était pas réellement motivé à étudier, et préférerait bien plus rejoindre le café. Hélas, il était déjà tard et c'était presque en courant -chutant donc dans les escaliers, pour ne pas changer- qu'il arriva enfin devant l'amphithéâtre. C'était ici, qu'il avait emmené Théoden, l'autre nuit... Le garçon lui manquait déjà, et il regrettait presque de ne pas avoir franchi le cap de sa timidité : ses joues rougies, sa peau frissonnante, et ses yeux émerveillés... Rien de pire n'aurait pu arriver. Peut - être un rejet ? Sûrement un rejet. Secouant alors la tête pour chasser une telle idée de sa tête, Côme s'installa alors à sa place habituelle avant de sortir son livre. Il était finalement à l'heure, aussi étonnant cela puisse paraître, et il ne se gêna donc pas le moins du monde pour dévorer ses pages.

Théoden regardait le professeur qui parlait, les élèves semblaient tous plongés dans leur travail. Ils recopiaient bêtement ce que disait le professeur sans même comprendre, sans se visualiser, sans réfléchir.  Si il détestait autant les cours d'Histoire, c'était à cause de l'idéologie qui était diffusé dans les cours. Le nouveau régime y était présenté comme positif sans le moindre recul. Le monde d'avant était décrit comme invivable, sombre. Les élèves gobaient ça, sans réfléchir, le plus important pour eux c'était d'avoir leur diplôme, le reste ils n'en avaient rien à secouer. Théoden prenait quelques petites annotations où il mettait des références à ses livres. Le jeune homme secouait légèrement la tête quand le professeur parlait, quand il diffusait sa propagande. Théoden tentait au mieux de garder son calme, après tout, il avait l'habitude que l'on bafoue le passé. Le jeune homme commença à gribouiller sur le coin de sa feuille, se déconnectant au mieux du cours. De toute façon, il avait toujours les meilleures notes en Histoire il disait ce qu'il savait en faisant des descriptions élogieuses du monde d'aujourd'hui en le comparant avec le monde d'autrefois. Simple. Théoden aurait voulu monté sur l'estrade et dire la vérité aux autres, leurs décrire ce que lui connaissait, ce qu'on lui avait appris. A quel point en se fermant de la nature, de la simplicité et en se focalisant seulement sur la technologie, ils rataient tout ce qu'il y avait de beau dans cette vie. Théoden tentait de passer le temps, sans trop savoir quoi faire. Il commença à jouer avec son stylo. En cours, il se posait souvent tout seul, quand il n'était pas avec les autres du secteur Peur. Après tout, il savait que ceux des autres secteurs ne le comprendraient pas. Il fut donc surpris quand il sentit que quelqu'un prenait place près de lui. Il se tourna et se rendit compte qu'il s'agissait de Côme. Théoden lui fit un sourire et lâcha son stylo.

« Bien sûr que tu ne me dérange pas. J'ai pas vraiment eu sommeil, j'aurais préféré qu'on reste plus longtemps dehors. » Il resta le regarder pendant quelques instants puis prit les notes de Côme. «Tu es au courant que c'est des bêtises ce qu'ils te racontent ? C'est juste de la mauvaises propagande, c'est pas de l'Histoire. Ils veulent juste te convaincre que leur système est excellent. »

Reste un petit peu plus longtemps dehors ? Côme ne s'y serait pas le moins du monde opposé... Comment pouvait - on refuser de rester quelques minutes de plus tout près du garçon qui faisait chavirer notre cœur ? Hélas, ni l'un ni l'autre ne l'avait proposé et leurs camarades de la nuit passée ne l'avaient guère suggéré non plus. Il était vrai que Côme fut quelque peu attristé de devoir rentrer, seul, dans son dortoir, essayant tant bien que mal de passer inaperçu dans les couloirs. Pourtant, le sourire que lui lança Théoden suffit à lui faire oublier toute cette légère désolation. C'était un sourire si doux, qui faisait presque rougir Côme. Cela pouvait paraître futile... Mais le plus jeune ne pouvait s'en empêcher, et il lui rendait son sourire de la plus niaise des manières... Soupirant légèrement, loin de se douter que son ami -?- ne cessait de contredire les pensées de ses professeurs, il le regarda presque arracher ses notes des mains. Surpris, il le laissa les lire, puis l'écouta avec intérêt. Son ton calme et délicat l'étonna presque : il cherchait uniquement à lui évoquer ses idées, sans pour autant s'emporter sur le cadet qui ne faisait qu'écouter et recopier attentivement les propos de ses supérieurs. Un air de surprise s'afficha alors sur son visage, et il ne tarda pas à lui répondre, montrant toute sa stupéfaction dans son ton :

« Tu le penses sincèrement ? Pourquoi as - tu attendu si longtemps avec de m'en parler ? Enfin... Je veux dire... Laisse tomber, j'aurais peut - être dû m'y intéressé avant. ». Il resta silencieux quelques instants avant de reprendre, d'une voix timide, mais qui pouvait, dans un certain sens, en dire long : « Peut - être que... Tu pourrais... Me donner de REELS cours d'Histoire ? De façon à ce que je ne reste pas le petit brunet stupide que je dois certainement avoir l'air. »

Théoden entendit la voix du professeur derrière lui ce qui ne manquait pas de l'agacer. Il avait envie qu'il se taise afin qu'il puisse discuter tranquillement avec Côme. Le jeune homme resta le regarder pendant quelques secondes. C'est vrai qu'il n'avait pas demandé à Côme de rester plus de temps avec lui hier soir, mais il aurait vraiment voulu le faire. Il n'avait juste pas osé, Côme avait l'air fatigué alors il avait préféré attendre le lendemain pour lui parler. Il y avait surement de ça. Théoden aimait faire le point sur ses sentiments quand il se retrouvait seul, ça l'aidait à réfléchir. Dans les yeux de Théo, le sourire de Côme n'avait rien de niais, il était juste adorable et Théoden adorait le voir sourire. Côme était un garçon plutôt souriant finalement, quand on discutait avec lui. Beaucoup d'autres élèves quand ils parlaient de lui, disaient qu'il faisait souvent la tête, qu'il n'avait pas l'air très joyeux. Pas étonnant se dit Théoden, quand on voit comment les autres élèves traitent Côme, et par les autres élèves il pensait surtout au petit gang de Rashel. Il ne méritait pas qu'on leur fasse de joies ceux là...  Plus Côme lui parlait, plus il savait que c'était quelqu'un de bien, qui ne se laissait pas aveugler par la propagande. Le garçon restait souriant, il détourna quelques secondes le regard, malicieux.

« J'en parle souvent pourtant. Mais j'avoue que c'est pas un sujet que j'utilise habituellement pour draguer. » Théoden continuait de sourire puis lança de nouveau un regard sur Côme. Il posa les petites fiches sur la table. « Ouais, si tu veux. Je ne te trouve pas stupide, la plupart des gens rigole quand on leur parle de propagande. Ils ne veulent pas voir qu'ils sont aveuglés. De plus, je ne te parlerai pas si tu me paraissais stupide. »

Un élève passa juste devant eux . C'était un grand garçon du secteur Joie mais il ressemblait plus à un garçon du secteur colère quand on voyait comment il était dessiné. C'était justement, un ami de la jeune Rashel, enfin, juste quelqu'un qui restait collé à ses basques, surement un prétendant. Il eut un petit sourire moqueur qui énerva fortement Théoden, il n'avait franchement pas envie de voir quelqu'un comme ça aujourd'hui. Il n'était pas d'humeur. Le jeune Joie décida de changer de place et s'installa tout près de Côme. Il se colla contre lui, comme si il essayait de mettre la pression. Ce garçon, que Théoden ne connaissait que de vue, oublia presque la présence du garçon secteur peur, il ne le voyait que pendant les soirées et il était le camé du groupe alors pour lui, il n'avait rien ni d'intéressant ni de dangereux. Mais le jeune homme adorait s'en prendre aux tristesses, surtout ceux qui ne l'ouvraient pas. Il devait vraiment s'ennuyer dans sa vie car il aimait tellement se sentir puissant, que juste sentir que les autres avaient la trouille près de lui, lui donnait le sentiment de passer une bonne journée.

Côme, quant à lui, parvenait à focaliser son ouïe sur les mots de Théoden et en venait presque à oublier la présence de leur professeur, un tout petit peu plus bas, dans l'amphithéâtre. Cette facilité à gérer son attention lui était bien plus utile qu'il ne pouvait le penser, puisqu'en cours, il parvenait à se concentrer uniquement sur les propos de ses instituteurs et non sur le vacarme que pouvait bien faire ses camarades, de temps à autre. En revanche, il venait de l'utiliser pour bien autre chose... Ainsi, il pouvait écouter son ami plus attentivement, sans craindre d'être dérangé par un couple discutant un rang en dessous ou par la voix résonnante de leur professeur. Pourtant, en l'entendant, Côme vint mordiller sa lèvre inférieure dans un sourire timide. Rougissant jusqu'aux oreilles, il détourna la regard, à la fois flatté et gêné. Ce dont le plus jeune était certain, c'était que le Peur se débrouillait à merveille pour le faire rougir. 

« Pour draguer ? Parce que tu cherches donc à me tirer dans tes bras ? » demanda - t - il, presque provocateur. Bien évidemment, il avait saisi le jeu de séduction qui était né entre eux deux, mais puisque Théoden semblait vouloir en jouer, Côme ne pouvait que s'immiscer dans un tel duel. Puis, il reprit plus sérieusement : « C'est gentil, Théoden. Je serais vraiment ravi que tu m'évoques tout ce que tu sais, ça m'a l'air passionnant ! Et puis, avoir deux versions des choses permet de savoir laquelle paraît la plus réaliste, et non pas uniquement avaler les uniques propos énoncés. » 

Les deux garçons passaient un agréable moment, et cela était incontestable aux iris du plus jeune... Hélas, son bref bonheur fut bien éphémère, puisque Adam ne tarda pas à se rapprocher d'eux. Ou tout du moins de Côme, pour sûr. Il ne cessait jamais de se frotter à lui, toujours bien plus qu'il ne le devrait, et le petit brunet ne pouvait s'empêcher d'y revoir son viol. Peut - être était - ce l'objectif du garçon, après tout ? Il passait son temps à faire rougir Côme, à le voir trembler sous ses mots ou sous ses caresses déplacées : il ne cherchait qu'à l'apeurer, le voir et l'entendre se soumettre à lui par crainte. Et, une nouvelle fois, ses propos ne changèrent pas : « Hello, trésor ! Toujours pas décidé à me laisser te dénuder ? Tu devrais passer sous mon bureau, tu n'en serais vraiment pas déçu... ». C'était par les mêmes mots, accompagnés d'une main posée sur sa cuisse, qu'Adam s'amusa à voir les yeux de Côme s'humidifier, ou bien ses lèvres trembler, tandis qu'il cherchait à répondre calmement : 

« N-n-non.. Je.. Je ne suis toujours pas.. hum.. intéressé... D-dé-désolé pour toi.. »

« Peut-être... » Théoden fit un petit clin d’œil malicieux, toujours en souriant. « Ça me ferait très plaisir de voir tout ça avec toi, déjà je peux te donner un bouquin que j'ai avec moi... Désolé j'ai mis des notes dessus j'espère que ça te gènes pas trop ». Le jeune homme sorti un livre de son sac et le posa. 

Théoden restait souriant. Il n'était pas dérangé par ce qu'il avait dit. Il préférait être honnête. C'était vrai, il avait envie de faire un peu de charme à Côme, il voyait bien qu'il ne le laissait pas indifférent. Théoden resta regarder sa réaction, il le trouvait vraiment mignon, la timidité rend toujours les gens mignon. C'est vrai qu'il y a toujours un revers de la médaille, la timidité est un manque de confiance qui fait souffrir celui qui porte ce fardeau. Mais dans les faits, c'est mignon. Théoden n'avait jamais vraiment été timide, quand il était plus jeune, on disait de lui qu'il était réservé, calme, discret, mais personne ne lui a jamais dit qu'il était timide. Il ne savait pas ce que c'était, ce que l'on ressentait quand on l'était. Il ne pouvait que l'imaginer. Théoden regarda ensuite Adam qui s'installa. Côme semblait le connaitre. Lui qui pensait à la timidité, allait se retrouver confronter à ce que ceux dits "confiants" infligeaient aux gens "timides" comme Côme. Théoden était d'abord parfaitement choqué de voir ce garçon se permettre de se frotter ainsi contre le petit brun, le regard moqueur. Côme ne lui avait surement jamais rien fait de mal, il s'agissait là seulement d'un peu jeu de profiteur. Théoden était hors de lui, mais toujours surpris de la scène qui se déroulait devant lui. Le jeune homme entendit discrètement la petite phrase d'Adam qu'il glissa dans l'oreille,  il remarqua aussi la main qui était posé sur la cuisse de Côme. Théoden attendit de voir si le garçon allait répliqué, mais sa réponse n'arriva pas à satisfaire Théoden, au contraire. Théoden se rapprocha et poussa brusquement Adam dans l'épaule pour que celui ci décale cette main mal placé. Il se leva un peu vers l'avant. Adam se recula en souriant. Ce genre de sourire qui vous stresse plus que tout.

« Qu'est ce que tu veux toi ? Dégage ! Bouge je te dis ! T'es gênant mec, respecte toi un peu ! Bouge ! » Adam se poussa et s'en alla. Théoden soupira et se posa de nouveau. Ce genre de garçon c'est vraiment les pires qui existent, ils s'en prennent toujours à ceux qui n'arrivent pas à se défendre et dès qu'on les bouscules un peu, ils partent comme des lâches. Vraiment ça mettait Théoden hors de lui, surtout quand on s'en prenait à quelqu'un qu'il aimait bien.

Côme se surprit à rougir une nouvelle fois, en entendant les nouveaux propos de Théoden, accompagnés de son clin d'œil qui en disait bien long. Il était vrai que le plus jeune n'était pas indifférent aux charmes multiples qui émanaient du Peur, mais il ne parvenait malheureusement pas à encaisser ses remarques sans se sentir gêné, intimidé, mais tout de même touché. Oui, les mots de Théoden touchaient réellement le petit Tristesse, et son corps le montrait bien... C'était cette candeur qui insupportait Côme, qui lui donnait envie de se retirer les yeux et de se découper les joues : ces multiples rougissements, ou tout ce que ses iris pouvaient bien transmettre le rendaient dingue... Il aurait tellement préféré pouvoir se montrer quelque peu mystérieux, lui - aussi, pouvoir mentir sans risquer d'être découvert dans la seconde, ou bien pouvoir jouer également un tel jeu de séduction sans montrer ouvertement son réel intérêt pour autrui. 

« Ce n'est pas parce que tu m'as prêté ton pull, une soirée, que tu peux te permettre de me jouer du charme de cette manière. » lança le plus petit, un sourire taquin au bout des lèvres. Il attrapa ensuite le livre que lui tendit son ami, et il redessina la couverture du bout de ses doigts, fasciné. Il ne l'avait même pas encore ouvert, qu'il en mourrait d'envie, mais il fit un effort impressionnant pour ne pas abandonner son interlocuteur. Théoden ne méritait pas d'être lâché ainsi, pour un simplet livre. « Cela ne me dérange pas le moins du monde, Théo ! Au contraire, je me ferais un plaisir de les lire également, merci beaucoup, tu es adorable. » énonça - t - il, avec un franc sourire. 

Malheureusement, Adam ne fut pas satisfait des réponses du petit Tristesse et ne daigna pas retirer sa main... Bien au contraire, il la descendit légèrement, afin de frôler son postérieur. Côme ne répondit rien à cela, et n'osa pas bouger pour autant, avalant uniquement difficilement sa salive tout en sentant son cœur s'accélérer. Mais Théoden, intervint rapidement, poussant le jeune joie et lui hurlant presque dessus tandis qu'il fuyait avec un de ses éternels sourires provocateurs. Côme ne put s'empêcher de sourire tristement : rassuré de le voir s'enfuir, et touché que Théoden l'ait défendu, mais il avait peur des conséquences que pourraient avoir un tel acte de sa part. 

« Théoden... Tu n'aurais pas dû... C-c'est adorable, mais... j'ai l'habitude... Et il ne va jamais plus loin que de simples attouchements... Tu peux être certains de devenir la cible de Rachel et son groupe, si il leur prétend je ne sais quel mensonge. Peut - être est - il en train d'énoncer à son ami que tu es tombé sous mon charme, ou bien que l'on s'est envoyé en l'air la nuit dernière. Mentir est un seconde nature chez eux. Je... Je ne veux pas que tu payes les frais... C- c'est moi leur cible, pas toi... M-mais... M-m-mais merci. Infiniment. »

Théoden continuait de sourire. Il se demandait si il devait continuer ce petit jeu, il n'avait pas envie de gêner Côme. Mais quand il entendit la phrase de celui ci, son sourit s'agrandit, il trouvait ça mignon que Côme joue le jeu, malgré toutes les informations qu'envoyaient son visage. Cela encourageait beaucoup Théoden à continuer. Quand Côme toucha doucement le livre, Théoden resta le regarder sans un mot. Il était content que Côme le lise mais il n'avait jamais vraiment fait lire ses notes, il espérait qu'elles ne lui paraitront pas trop stupides. Après tout, tout le monde sait ce qu'il se dit sur les Peurs, ils sont comparés à de vulgaires théoristes du complot. Peut être que Côme trouvera ce livre stupide lui aussi, qu'il fera bien trop confiance à ce nouveau gouvernement et qu'il ne voudra plus jamais adressé la parole. Théoden soupira, il espérait profondément que le Tristesse à côté de lui n'était pas de ce genre, au fond il le savait. Sa sœur aussi était une Tristesse et pourtant ça ne l'a jamais empêché de comprendre et d'écouter. Après tout, les Tristesses étaient les moins respectés dans tout l'établissement, c'était plus facile pour eux de comprendre l'injustice. Théoden était vraiment écœuré de voir comment les gens étaient mis dans des cases qui les rabaissaient ou qui faisaient monter leur égo au point que les occupants se permettaient de faire du mal aux autres. Théoden écouta ce que lui disait Côme une fois que Adam quitta leur champs de vision. Il ne put s'empêcher de pousser un petit rictus quand celui ci évoqua Rashel. Ah Rashel, si parmi tout les tyrans qui existaient il devait choisir le plus ridicule, Rashel aurait la palme ! Théoden regarda Côme, ça le rendait triste que Côme réagisse comme ça, ça lui faisait mal au cœur, c'était un garçon sensible et les autres se permettaient de lui faire du mal complètement gratuitement, ils savaient qu'il n'arriverait pas à se défendre et s'attaquait à lui à plusieurs. Franchement ça le dégoutait. Ils vont vite déchanté ces salops.

 « Dit pas ça, personne n'a le droit de s'en prendre à toi. C'est juste une question de respect entre êtres humains. Je vais pas me taire sous prétexte que quelques minis tyrans trainent dans les couloirs. Je n'ai jamais eu peur de Rashel et elle ne me fera jamais peur. Croit moi, quand on lui montre que ce qu'elle nous fait ne nous touche pas, elle s'arrête. Elle exploite juste notre peur. Alors non, si ils se permettent encore de te toucher ou de te faire presque pleurer, je recommencerai, même si c'était commandité par trois mille Rashel. » Théoden lui fit un sourire rassurant en ayant caressé furtivement son bras, pas pour le draguer, mais plus pour tenter machinalement de lui offrir du soutien.

⠀⠀Côme avait fini par quitter les yeux envoûtants de Théoden, pour plonger son regard dans les premières pages du livre que son ami venait de lui donner. Il ne lisait pas, il feuilletait simplement, faisant dériver ses yeux sur les quelques annotations laissées sur les pages. Fronçant les sourcils sur quelques propos, ne saisissant pas réellement ce que le garçon voulait dire, lorsqu'il contestait brièvement quelques phrases du livre. Le petit brunet devait avouer qu'il ne pensait pas Théoden si enclin au complot, mais il lisait ses arguments sérieusement, sans porter le moindre jugement. Qui était - il, pour oser prétendre que son ami était fou ? Chacun possédait des idées qui lui étaient propres, et même si certaines des siennes n'étaient pas identiques à celles de Côme, ce n'était guère un argument recevables pour juger de la folie de quelqu'un. Certains auraient prétendu que le jeune Tristesse était fou, de se laisser ainsi bercer par les idées de chacun, ne sachant pas réellement quel parti choisir, et essayent de se construire sur les quelques bases qu'on lui offrait, jugeant petit à petit les théories qui lui paraissaient le plus réaliste. Au combien même un argument pouvait être fantasque, elle pouvait s'avérer véritable, pour ceux assez dingues pour l'écouter. L'endoctrinement était tel, que personne n'osait écouter les contestations, et la naïveté du petit Côme ne le rendait pourtant pas passif face aux propos parfois burlesques que crachaient bêtement ses professeurs. Il était rare, qu'il n'y croit pas, mais il cherchait toujours à lier un événement à un autre, ou un propos à un autre, afin d'en décider par lui - même si elle lui paraissait dingue, ou non. Ainsi, il se perdit entre les pages...
⠀⠀Ce fut la voix de Théoden, qui lui répondait, qui le sortit de sa contemplation. Personne n'avait le droit de s'en prendre à lui ? Pourtant personne n'hésitait un seul instant, se servant de son passé sexuel pour le faire trembler, pour voir ses iris se remplirent de larmes, pour l'entendre supplier faiblement de le laisser tranquille. Côme ne croyait pas un seul instant qu'il ne le méritait pas : c'était devenu une habitude, et il avait finit par se dire qu'il avait dû commettre l'irréparable à un moment clé. La méchanceté n'était jamais gratuite, n'est - ce pas ? C'était les questions qui trottaient sans cesse dans sa tête, tant sa naïveté et sa crédulité étaient conséquentes. Soupirant, il sursauta lorsqu'il sentit la main de Théoden caresser son bras, tout en venant mordiller sa lèvre pour se contrôler. 

« Le problème, Théoden, c'est que ce qu'elle me fait me touche réellement. Elle se sert de mon viol, lorsque j'étais plus jeune et ça, ça fait atrocement mal. Regarde ! J'ai sursauté simplement parce que tu as voulu me rassurer et que je ne m'y étais pas préparé ! C'est toujours comme ça, je suis obligé de prévoir quelques secondes avant que l'on me touche, sinon je m'apeures inutilement ! Ce genre de chose, on ne l'oublie pas si facilement, et cela même si je suis parvenu à coucher quand même avec d'autres garçons après lui ! » s'emporta le petit brun, peut - être plus fort qu'il ne l'aurait voulu, vu les quelques élèves qui s'étaient retournés vers lui. 

⠀⠀Il baissa bêtement la tête, et regarda son cellulaire, sans piper davantage de mots. Le mail qu'il avait reçu, lui parlant d'une soirée d'intégration lui revint en mémoire et il releva timidement sa bouille vers son interlocuteur. Voulait - il l'inviter ? Oui. En aurait - il le courage ? Il ne savait pas. Ce fut donc en balbutiant, qu'il articula difficilement :

« Je... Est - ce q-que.. t-t-tu voudrais passer ta soirée... en moi...? euh.. je veux dire.. AVEC moi...? Enfin... La soirée d'intégration va bientôt commencer... Tu voudrais... être mon "cavalier" ? ». Les joues rougissantes, gêné de son erreur, il attendit sa réponse la boule au ventre.

Théoden regarda Côme et l'écouta sans trop rien dire, il bougea doucement sa main de son épaule, il ne voulait pas le déranger, même si il devait avouer qu'il aimait bien être tactile, il a toujours été comme ça. Pour Théoden, une caresse était plus importante que tout, qu'un baiser même, il y a tant de sentiment qui émanent d'une caresse. Un désir de protection de l'être que l'on aime, une envie de faire ressentir à quelqu'un sur tout son corps qu'il est tellement pour nous. Théoden aimait aussi en recevoir évidement ! C'est surement ce qui le réconforte le plus quand il se sent mal. Qu'on lui caresse doucement les cheveux, ressentir le contact qui glisse le long de son dos, les caresses sur ses bras. Théoden se sentait mal pour Côme, il adorait qu'on vienne l'étreindre par surprise, qu'on l'embrasse doucement dans le creux du cou, tout en le berçant tendrement, il ne pouvait donc qu'imaginer la souffrance ressentie par Côme qui devait être tout le temps sur la défensive... En entendant son discours, Théoden fut encore plus en colère, imaginant tout ces gens qui se permettaient de faire du mal gratuitement, juste pour faire le mal, juste pour se sentir plus fort en humiliant une personne innocente. Théoden soupira, ne sachant pas vraiment comment réagir pour faire en sorte que son ami comprenne que ce n'était pas de sa faute, que Rashel devait arrêter de se croire supérieur. Mais pas seulement elle, tout les gens autour d'eux, tout ceux qui profitent des situations malheureuses des autres. Il affichait toujours un petit sourire rassurant et fit un clin d’œil amusé, essayant de désamorcé.

« T'inquiète, je te protégerai maintenant ». Théoden ne put s'empêcher de sourire encore plus, essayant de s'empêcher de rire en entendant la gaffe de Côme. « Ouais, ça me ferai très plaisir d'être ton cavalier ». Sans attendre une seconde de plus, il s'en alla avec Côme.