Caleb Dellanoy

Caleb Dellanoy - 22 ans - Secteur Tristesse


« Blanche avait dix-sept ans, elle était amoureuse, ça n’a duré qu’un temps. »
Caleb Delannoy est né le 7 février 2070, quelque part en France. Sa mère lui a souvent parlé de Paris mais c’est sûrement son âme romantique qui lui a soufflé l’histoire du gamin des rues. Au final cela importe peu, au vu du nombre de régions dans lesquelles il a été trimballé. C’était toujours le même schéma : la jeune femme réussissait à trouver un petit boulot quelque part mais ce n’était jamais suffisant pour permettre de payer le loyer, alors elle partait avec son fils sous le bras pour chercher du travail ailleurs. Elle s’appelle Blanche. Elle n’avait que dix-sept ans lorsqu’est né son fils unique. Une banale histoire d’amour et des promesses en l’air ont suffit pour la séduire. Mais sa naïveté ne l’a pas empêchée d’avoir la tête sur les épaules : l’enfant a été couvert d’amour et n’a manqué de rien. Caleb n’a jamais souffert de l’absence de son père, il adorait parcourir les routes et rencontrer du monde ; même si la vie était dure, on ne l’a jamais entendu se plaindre. Deux bouts de bois, un peu de ficelle, un couteau de poche, et il avait de quoi jouer pendant des heures. C’était une jeunesse dorée, sans attache, à l’origine d’une multitude de rêves de grandeur et d’indépendance.
 
« Oui j'ai changé, tu ne vas pas le répéter dix fois. Fous moi la paix maintenant. »
Désormais âgé de 22 ans, c’est un jeune homme au physique athlétique, on le dirait taillé dans le roseau. Il possède un visage d’ange et de longs cheveux ondulés qui font tout son charme. Muscles secs saillants, démarche assurée, il a gardé l’âme d’un battant. Oui, le gamin a bien grandi, mais ce n’est pas seulement son apparence qui le distingue d'avant. Ses voyages lui avaient laissé le goût de la rencontre et une grande générosité ; c’était un être rieur, au contact facile. Tout a changé désormais. Blanche regrette beaucoup l’enfant du passé, celui dont les yeux lumineux ont laissé la place à un regard éternellement mélancolique, parfois assassin. Lui qui était si réfléchi, qui posait constamment des questions et utilisait son énergie à faire naître un sourire sur le visage des gens, est à peine reconnaissable. C’est un chien blessé prêt à mordre. Trop téméraire, impatient, sanguin. L’âme fissurée. Un fantôme qui n’a pas tout à fait fini de reprendre forme humaine.
 
« C’est trop dur. Je n’y arriverai pas ».
Elle. Une année d’amour, trois années d’enfer. A croire que l’échec sentimental est inscrit dans les gênes. Caleb n’en parle jamais. Ses proches non plus, parce que c’est une vieille histoire, et puis parce que « c’est banal les peines de cœur, on s’en remet ». Pas quand on croyait que c’était l’amour de sa vie. Pendant trois ans, il a vu son visage partout, elle hantait ses rêves. Quelques mots ont suffit pour briser une vie : elle avait rencontré quelqu’un d’autre, c’était terminé entre eux, et elle était sincèrement désolée. Désolée d’avoir fait durer les choses trop longtemps alors que ses sentiments n’étaient pas assez profonds, désolée d’étouffer dans ses bras. Caleb a réagi fort. Un harcèlement qui lui a valu des poursuites de police, et deux tentatives de suicide par médicaments. C’est Blanche a sauvé son fils à chaque fois. Le jeune homme n’a au aucun aventure depuis, mis à part une fois avec un garçon, où il a fondu en larmes après quelques baisers.
 
Caleb a fait des conneries, beaucoup, puisqu’il n’avait plus rien à perdre. Des expériences en tout genre, sans tomber dans l’addiction. Des fugues la nuit, desquelles il revenait toujours puisqu’il n’avait nulle part où aller. Et surtout plusieurs altercations avec les partisans d’Elder qui lui ont valu des ennuis plus jeune, mais il fait profil bas depuis son arrivée à Temperamental. Actuellement en troisième année de sociologie, il a redoublé sa première et sa deuxième année pour cause de dépression, bien qu’il soit plutôt doué pour sa matière. Secteur Tristesse, l’affectation a été immédiate. Il y a quelques années, il ne l’aurait jamais cru. Lui, si volontaire et enjoué, rejoindre les fragiles et les délaissés ? C’était à cause d’Elle tout ça. Bien que réticent au préalable, les soutiens psychologiques dont il bénéficie maintenant à l’université sont presque de l’ordre de la survie. Caleb s’emploie à travailler sur lui-même, à ne pas se faire importuner comme ceux de son secteur. Il étudie, se fond dans la masse, et ne cherche des noises à personne à condition qu’on lui rende la pareille.
 
« Je t’aime bien plus que ma propre vie »
Protecteur, jaloux maladif, exclusif. Quand il aime quelqu’un, Caleb ne fait pas les choses à moitié. Outre le désir de sa compagnie qui peut devenir légèrement envahissant, il sait aussi veiller de loin à l’image d’un ange gardien. Se raisonner dans ses relations d’amour ou d’amitié lui est trop difficile, c’est tout ou rien. Ou bien un mouvement de rejet suivit d’un regard méfiant, ou bien des bras forts qui s’ouvrent pour une étreinte, pour vous jurer qu’il sera toujours là. Il y a quelques personnes que Caleb aime davantage qu’il ne s’aime lui-même : sa mère d’abord, des amis qui se comptent sur les doigts d’une main, et Elle. Mais ça, c’est du passé. Il a trop souffert, vraiment. Plus jamais il n’ouvrira son cœur.
 
« Attends, tu as besoin d’aide ? »